Enfin un izakaya comme à Tokyo–Toritcho, Paris

Enfin! Un izakaya un peu pourri sur les bords, où on se croirait à Shinbashi (là où vont les salariés moyens après le boulot) ou sous les ponts de Yurakucho à Tokyo. Une adresse de ma copine Marianne Magnier-Moréno, qui n’a jamais mis les pieds au Japon mais qui a l’instinct d’une vraie cuisinière sans doute (voir ses livres chez Marabout). Un des plus vieux japonais de Paris, noyé parmi les crêperies et les faux japonais de la rue Montparnasse.

La déco aléatoire avec le manéki-néko ou le chat qui attire les clients, les tasses de saké absolument quelconques, et même jusqu’au 12 figures de l’horoscope japonais aux 7 dieux de la fortune, un peu poussiéreux, pas super nets et invariablement vieux – tout donne l’impression d’être dans un vrai izakaya de quartier au Japon.

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Enfin, aussi, des vrais yakitori qui, sans être excellents comme dans certains yakitori de Ginza, le quartier le plus chic de Tokyo, sont “authentiques”, qu’on peut commander au sel ou à la sauce, de poulet et poireau bien sûr, mais aussi d’ailerons, de gésiers, foie, peau, cœurs de poulet et pas du bœuf fromage ou gambas qu’on trouve partout ailleurs (eh oui, “yaki” = grillé, “tori” = poulet…). À ma connaissance, ce sont aujourd’hui les meilleurs de Paris.

Des petits plats de sunomono (vinaigrés) honnêtes, pas de chichis, du genre cuisine populaire, des tempura certes pas aussi aériens que les meilleurs tempura de Ginza (qui sont à plus de 100€/pers) mais qui sont tout de même très frais, croustillants et légers comparés à la grande majorité de ce qui se fait même au Japon.

Les sushi sont loin d’être ceux d’un Jiro ou d’un Mizutani, mais ils ont le mérite d’être frais, le riz est cuit et pas écrasé ni en boule, ils sont de la bonne taille, il y a une variété normale et pas 4 nigiri de saumon comme c’est souvent le cas à ces prix.

Les patrons sont Japonais, les employés asiatiques mais pas Japonais. Non pas que les non-Japonais ne puissent pas faire du japonais, mais ça aide pour ‘l’authentique”. Version française, ce serait le vieux bistrot de quartier populaire à l’époque de Maigret

Dans le genre izakaya, beaucoup plus populaire et “normal” que Lengué, on n’essaie pas de faire de la bistronomie, on fait comme on a toujours fait. Perso, je préfère de loin. D’ailleurs, même les Français qui n’y connaissent rien (je le vois aux commandes des tables voisines) ne s’y trompent pas, car le lieu est bondé.

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Sunomono de wakamé, poulpe, calmar, maquereau mariné, concombre et crevette. 9.10€

toritcho tempura

Tempura gambas, carotte, poivron, courgette, patate douce, shiitaké: 13.10€

toritcho

Yakitori d’ailerons et gésiers au sel, tsukuné (boulettes qui ici sont plates) à la sauce. 3€ la paire.

toritcho sushi

Assortiment “Matsu” de sushi, le plus cher: 21.50€. Thon de l’Océan Indien, bar, saumon, daurade, barbue, chinchard, saint-jacques, crevette…

Les prix sont très honnêtes quand on voit qu’on paie vachement plus pour du plus chichiteux mais vachement moins bon. Et surtout, pour nous Japonais, on a l’impression d’être de retour au pays. Si on vient du peuple.

Toritcho

47 Rue du Montparnasse, 75014 Paris

01 43 21 29 97 ‎