Cette année, pour Noël, j’ai demandé à la famille de mon mari ce qu’ils préféraient comme repas: Noël traditionnel, avec du foie gras, un poisson, une oie aux marrons (je préfère l’oie au chapon) ou un Noël exotique?
« Que des choses que vous ne connaissez pas ! » avais-je dit.
Il fallait s’y attendre. Ma belle-mère a tout de suite répondu « Les choses que nous ne connaissons pas ! »
Et tout le monde a renchéri sauf ma petite nièce qui voulait savoir ce que c’était.
En fait j’avais dit cela seulement parce que j’en avais marre du foie gras annuel et de l’éternelle oie, avec pour seule variante, la langouste en 2011, les langoustines en 2012 et une année seulement, un poisson au curry vert thaï que j’avais fait exploser sur les murs de ma cuisine en voulant faire une crème au siphon pour faire chichiteux.
J’étais mal barrée car en y réfléchissant, que ne connaissent-ils pas ? Le poulet, le porc, le bœuf, le canard ?
Jusqu’à la veille, je me suis triturée le cerveau car non seulement il faut de l’inconnu mais SANS GLUTEN car ma nièce est intolérente, SANS PIMENT car ma belle-mère ne digère pas, SANS PERSIL car mon beau-frère n’aime pas.
J’avais décidé de faire abstraction de mon neveu qui ne mange ni légume ni fruit. Et de mon mari qui voulait quand même du foie gras.
Après avoir été très tentée par un diner de riz blanc nature sans rien dessus ni à côté, je me repens et vais faire un tour chez Tang Frères.
Vous êtes déjà allé chez Tang Frères un 24 décembre ???
Le sans persil, c’est facile.
Le sans piment, c’est un peu plus fade, mais ça peut.
Le sans gluten…j’aurais essayé. Ferai mieux la prochaine fois.
Voici finalement ce que j’ai fait. J’ai cuisiné, servi et shooté, tout en même temps alors les photos sont ce qu’elles sont.
Nous étions dix à table.
Des « résumés » de recettes suivent, sans proportions ni quantités car tout est au pif.
Chirashi-sushi de saumon fumé, nori ciselé.
Kei m’avait donné du saumon fumé.
C’est un saumon qui est fumé au restaurant, très tendre et moelleux, presque cru.
Très bon, en cubes sur du riz vinaigré de sushi.
Ingrédients:
Saumon fumé de très très bonne qualité, ni trop salé ni trop fumé, coupé pas trop petit
Riz rond de type japonais, cuit nature
Vinaigre de riz
Sucre
Sel
Algue nori ciselée
Mélanger le vinaigre, le sucre et le sel. Faire cuire le riz, verser l’assaisonnement dessus tout en mélangeant délicatement. Laisser refroidir. Servir à température ambiante.
Tofu et œufs de cent ans.
Ingrédients:
Tofu type « de soie » coupé
Œufs de cent ans coupés
Sauce soja
Feuilles de coriandre pour la déco
(J’ai pensé que mes neveux et nièces n’en voudraient pas à cause de l’odeur d’ammoniaque des œufs de cent ans. Mais mon neveu – qui pourtant ne mangerait pas un haricot vert -, a aimé ! )
Tout empiler et servir (ben oui)
Soupe de crevettes au lait de coco, galanga, citronnelle, feuilles de combava
Ingrédients:
Crevettes (les grosses) décortiquées, coupées
Champignons de paille en boite, bien égouttés, coupés en 2
Un gros bout de galanga pelé et émincé finement
Plusieurs tiges de citronnelle coupées
Quelques feuilles de combava
Du jus de citron vert
Une rasade de bouillon de poule pour donner du goût et pallier à l’absence de piment en quelque sorte
Quelques gousses d’ail émincées finement
Une bonne dose de nam pla
Faire chauffer sans bouillir tous les ingrédients sauf les crevettes, le jus de citron et le nam pla. Ajouter ces derniers à la fin et servir quand les crevettes sont juste cuites.
Salade de porc, arachides et oranges.
Une variante d’une recette trouvée il y a quelques décennies dans un livre de cuisine thailandais. La version originale s’appelle « chevaux galopants. »
Ingrédients:
Porc haché (nature. Surtout pas de chair à saucisse ou farce)
Cacahuètes crues pilées grossièrement
Oranges pelées, coupées
Quelques gousses d’ail émincées finement
Une bonne dose de sucre de palme
Une bonne dose de nam pla
De l’huile pour le wok
Feuilles de coriandre pour la déco
Servi en deux services, l’un sans piment, l’autre avec du piment rouge séché pilé (c’est quand même meilleur ! )
Chauffer l’huile dans le wok, ajouter l’ail (et le piment) puis le porc. Lorsque celui-ci est cuit, ajouter les cacahuètes.
Verser sur les oranges. Mélanger doucement. Laisser refroidir et servir à température.
Plat improvisé à l’arrache de poulet en karaagé, racine de lotus et chou chinois
C’était un accident. J’avais pensé faire un karaagé de poulet avec de la fécule de maïs au lieu de la farine de blé, pour ma nièce. Mais j’ai fait mariner la moitié du poulet comme d’habitude dans la sauce soja et du saké.
C’est après que j’ai pensé au blé dans la sauce soja.
Du coup, j’ai fait mariner la deuxième moitié du poulet dans du nuoc mam et du saké. Ce karaagé sans gluten a été servi « nature » avec du ketchup pour les enfants.
L’autre karaagé – à la sauce soja -, a servi pour ce plat, conçu à la minute avec la racine de lotus et le chou chinois achetés dans la vague idée de faire un sauté de légumes.
Ingrédients pour le karaagé de poulet :
Blanc de poulet coupé en morceaux (c’est meilleur avec la cuisse désossée pour ceux qui aiment la peau)
Sauce soja ou nuoc mam ou nam pla
Saké
Maïzena ou farine de blé
De l’huile de friture
Ingrédients pour le reste du plat:
Racine de lotus pelée, coupée, blanchie
Chou chinois, coupé, blanchi 20 secondes
Quelques gousses d’ail émincées finement
Sauce soja
Saké
Maïzena diluée dans un peu d’eau
De l’huile pour le wok
Pour le karaagé de poulet:
Mariner les morceaux de poulets pendant au moins 1 heure dans la sauce soja et le saké. Enrober de farine ou Maïzena et frire dans un bon bain d’huile végétale, par 3 ou 4 morceaux maximum pour que ce soit bien croustillant.
Bien égoutter l’huile. Servir immédiatement ou incorporer dans un autre plat →
Pour le reste du plat :
Faire revenir l’ail, ajouter le karaagé de poulet et les légumes blanchis, ajouter l’assaisonnement et la Maïzena diluée pour épaissir un peu la sauce.
Servir immédiatement.
Faux-filet de bœuf, tiges d’ail, fleurs de ciboule de Chine
Ingrédients:
Faux-filet de bœuf (restes des 2 kg achetés pour un steak la veille…j’avais envie de viande et ai vu un peu gros)
Shiitaké frais
Tiges ou pousses d’ail coupées, blanchies
Fleurs de ciboule chinoise, blanchies (la partie tige 40 secondes, la partie boutons 20 secondes)
Quelques gousses d’ail émincées finement
Un petit fond de sauce XO « Sichuan » de chez Yam’Tcha
Sauce soja
Saké
De l’huile pour le wok
Faire revenir l’ail puis les shiitaké. Ajouter les légumes verts et le bœuf. Attention à ne pas trop cuire le bœuf.
Servir immédiatement.
Ce plat, pimenté d’emblée, n’était pas destiné pour ma petite nièce, d’où la sauce soja, ni pour mes beaux-parents qui l’ont mangé quand même.
La sauce soja et le saké n’étaient nécessaires que parce qu’il n’y avait plus qu’un petit fond de sauce XO de Yam’Tcha.
Et une bûche au chocolat que tout le monde pouvait manger, pour le dessert.
J’avais demandé à Kei et son pâtissier Toshiya Takatsuka s’ils pouvaient me faire une bûche sans gluten.
Ils me l’ont livrée avec des tuiles en chocolat et d’opaline. Je les ai piquées sur la bûche, un peu comme j’aurais lancé des boomerangs.
La bûche était délicieuse et ma petite nièce était très contente. Elle a eu triple ration de tuiles au chocolat.
J’avais fait des kumquats confits à la Toyo en mignardise mais j’ai oublié de les sortir du frigo. Ils sont encore là.
Les plats que j’ai faits sont d’inspirations thailandaise, chinoise, japonaise, et j’en passe.
Le dessert a été réalisé par un pâtissier japonais.
Les assiettes de service viennent du Maroc.
Les bols de riz viennent du Vietnam.
Les porte-couteaux viennent de Tunisie.
Les verres à vin sont Tchèques.
Les nappes sont des furoshiki, des carrés de tissu japonais qui, noués, servent de sacs.
Tout le reste, y compris les convives, est Français. Sauf moi bien sûr.
Paix dans le monde !
P.S. J’expliquerai les ingrédients exotiques comme l’œuf de cent ans, les tiges d’ail, la racine de lotus…l’année prochaine.
Bonne année à tous !